By
Charlotte WIEDEMANN
(Heinrich-Böll-Stiftung)
January 2018
Cinq années d’intervention militaire internationale n’ont apporté aucune sécurité à la population malienne. En effet, les zones d’insécurité ne cessent de s’étendre à l’intérieur du pays.
Le processus de paix officiel au nord du Mali n’a pas entraîné l’éviction des groupes armés.
Au contraire, il a généré la prolifération des milices. Les frontières entre les alliés, les djihadistes et le grand banditisme sont mouvantes. Dans le centre du Mali, le djihadisme se confond désormais avec la révolte sociale.
La tabouisation du dialogue avec les djihadistes est ressentie tel un diktat des par- tenaires européens et contribue à renforcer un sentiment de mise sous tutelle.
La mission des Nations unies Minusma et la prédominance des acteurs internationaux dans les décisions relatives aux intérêts maliens sont perçues comme un far deau.
La qualité de la gouvernance a touché le fond sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keita.
La crise a engendré des dynamiques nouvelles au sein de la jeune génération, ainsi qu’une opposition renforcée. Ces deux facteurs sont ignorés par les acteurs du proces- sus de paix.
L’État est aujourd’hui moins présent sur le terrain au regard de la situation d’il y a cinq ans. C’est la raison pour laquelle les élections présidentielles prévues pour juillet 2018 sont devenues incertaines.
Bilan : associé à une gouvernance lamentable, un processus dominé à plusieurs égards par des acteurs extérieurs a rapproché encore davantage le pays du précipice.