Pour une nouvelle ingénierie institutionnelle qui codifie la pluralité des légitimités
Par
Assane MBAYE
(Alliance pour Refonde la Gouvernance en Afrique)
Avril 2010
Comment refonder l’État africain en tirant les leçons de la constatation de l’aveuglement de la tentation uniformisatrice du modèle d’État-nation importé, de l’approche de l’État installé par la colonisation et imposée par les pouvoirs post coloniaux et les institutions financières internationales et des insuffisances consubstantielles à la conception des politiques de décentralisation dans les années 90 ?
Comment plus précisément institutionnaliser l’État en Afrique ? Répondre à ces questions est l’ambition de ce cahier de propositions.
L’Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique y développe sa vision de l’identité de l’État-nation en Afrique, communauté de citoyens mais aussi communauté de peuples ; un État forcément traversé par une diversité sociale historiquement rebelle aux frontières des États postcoloniaux. Cette diversité commande que le pluralisme soit le principe qui ordonne la recherche de l’unité ; elle s’exprime et s’épanouit particulièrement à l’échelle locale.
Identité de l’État-nation, principe du pluralisme et territoires locaux sont associés dans une approche de gouvernance pour réaliser le programme de refondation de l’État en Afrique à travers trois grandes propositions :
admettre le pluralisme et le traduire dans une nouvelle ingénierie des institutions locales qui reflète la diversité des pouvoirs et de leur fondement ;
admettre le pluralisme et refléter la diversité des territoires locaux et des pouvoirs dans la refondation du constitutionnalisme ;
et, enfin, mettre le pluralisme au service de l’ordonnancement du droit et de la justice en créant des ponts entre l’ordre normatif étatique et les ordres normatifs extra-étatiques, notamment, et à titre illustratif, en admettant la médiation sociale comme système officiel de régulation des conflits.