Le nouveau regard de la gouvernance légitime
Le débat actuel sur la gouvernance traduit un souci légitime, surtout de la part des Etats et de leurs partenaires, d’asseoir et de promouvoir des règles de gestion publique qui soient à la fois efficaces et soucieuses d’une utilisation appropriée des ressources engagées, mesurée par des indicateurs de bonnes pratiques.
Ce débat, fort opportun aujourd’hui en Afrique, traduit un souci légitime de gérer «en bon père de famille» des ressources nationales et internationales de plus en plus rares. Mais, le débat doit être remis à l’endroit ; la définition d’instruments de mesure et de suivi ne saurait se substituer à l’identification préalable des changements voulus par les protagonistes.
Une fois que les défis du changement d’attitudes et de pratiques sont identifiés et validés avec les intéressés, il est possible de définir des stratégies et des modalités pour les relever. Il devient alors crucial de se donner des indicateurs ou des marqueurs de progrès vers les changements voulus, et par là d’évaluer la pertinence et l’efficacité des stratégies déployées à cette fin.
Une nouvelle gouvernance en Afrique naîtra donc d’un processus de construction collective d’un système de valeurs, de structures et de mode de faire, qui trouvera sa légitimité dans sa capacité à concilier l’unité nécessaire à toute collectivité humaine et la diversité d’un monde de plus en plus complexe. La question de la légitimité est de ce fait centrale dans le débat sur la définition de principes et de nouvelles modalités de gestion de l’espace public ; d’où le concept de la gouvernance légitime.
L’approche de la gouvernance légitime se fonde aussi sur une triple nécessité :
d’abord la nécessité de relier les initiatives, les expériences et les propositions faites à différentes échelles de gouvernance (du local au mondial) et de faire le lien entre débats africains et autres espaces internationaux de débat,
ensuite, celle de lier l’action à la réflexion, c’est-à-dire d’ancrer les propositions dans l’expérience concrète des acteurs,
et enfin celle de partir et de satisfaire les besoins et les aspirations (matérielles et immatérielles) des populations.
Enfin, les « modes de faire » de la gouvernance légitime doivent être :
consensuels : la recherche du consensus (le consentement des parties) est la règle première pour la prise de décision ;
inclusifs : ne laisser aucun groupe ni individu au bord de la route ;
enracinés dans l’histoire et la mémoire collective des acteurs et de leurs sociétés.
Les acteurs de la gouvernance légitime doivent être solidaires, se mettre dans l’attitude d’assumer pleinement leurs responsabilités et enfin avoir une maîtrise, donc ne pas subir les changements que l’évolution de leurs sociétés et du monde exigent.