L’exemple de la défectuosité de la route Darou Mbapp - Médina Sabakh, un sérieux obstacle aux services sociaux de base
Par GAYE, Goumbo (Nioro du Rip, septembre 2008)
La communauté rurale de Ngayène située dans la région de Kaolack, dans le département de Nioro du Rip, dans l’arrondissement de Médina Sabakh, abrite un village dénommé Darou Mbapp. Cette localité regroupe environ 4 000 habitants qui vivent sans électricité, sans école primaire, ni poste de santé.
Dès lors, la population est condamnée à se déplacer dans la contrée pour satisfaire ses besoins élémentaires. Mais, il se trouve que la seule route conduisant au chef lieu d’arrondissement et aux différents marchés hebdomadaires est traversée par une vallée profonde et accidentée sans cesse aggravée par les eaux de ruissellement de l’hivernage.
Et comme ce passage est incontournable, les paysans, pour aller aux champs ont beaucoup de difficultés : en 2000, une femme est morte après une forte pluie en quittant Médina Sabakh pour Darou Mbapp.
De ce fait, la population est complètement coupée du reste du monde et ne sait à quel saint se vouer, sinon soumettre leur doléance au conseil rural. Pis, en 2005, encore deux enfants sont morts après une forte pluie. Ce fut la tristesse générale ; la population accusant à tort le conseil rural du fait qu’il lui incomberait de résoudre tous les problèmes de la communauté villageoise. Cela a provoqué une rupture de confiance entre le conseil rural et cette population qui ignore que les compétences sont transférées aux collectivités locales sur le papier mais les moyens nécessaires à leur application ne suivent guère.
Heureux concours de circonstance : l’intervention d’un projet PDIC (Programme de Développement Intercommunautaire) piloté par Symbiose (une organisation d’appui au développement local) qui, dans sa démarche a organisé les villages en « Keppaar » (cadre villageois de concertation). L’ensemble des keppaars forme le « Penc »qui est un cadre communautaire de concertation dont l’objectif principal est de promouvoir le développement à la base. Ce projet qui procède par des ateliers de réflexions collectives avant la réalisation d’une quelconque activité a travaillé avec la population de Darou Mbapp et un plan d’action en est sorti.
Et comme pour Symbiose, l’approche participative à la base est son credo, il fallait d’abord faire connaître à la population que leur apport conjugué avec la participation de Symbiose peut permettre la résolution intégrale du problème. C’est ainsi que des journées de tissage et pose de gabions ont été organisées par la population et l’encadrement technique de Symbiose. Ce qui, par la suite, a permis d’assurer la mobilité correcte des usagers : des charrettes, des piétons, des vélos, des voitures, etc. Loin du danger coutumier !
Au regard de cette expérience, il apparaît clairement que l’Etat, de par sa rétention de moyens normalement dévolus aux collectivités locales, est entrain de vider de son sens la véritable politique de décentralisation. Il s’y ajoute le manque de communication des élus locaux en direction des populations. D’où la nécessité de renforcer les capacités des uns et des autres.
Par ailleurs, il conviendrait de considérer que le développement n’est pas un fruit qui tombe du ciel, ni la seule affaire de l’Etat. Il peut être compris comme une dynamique unitaire qui doit regrouper un ensemble d’acteurs résolus. C’est dire donc que l’acteur à la base doit constituer le principal maillon car, une fois qu’il comprend les enjeux des services qui l’intéressent, il se les approprie efficacement pour être à même de prendre le développement en main. Pourvu qu’il soit impliqué, appuyé par des partenaires conséquents de développement, à l’image de Symbiose Sénégal.
Gabion : cylindre de grillage destiné à être rempli de pierres et placé sur les piste d’une certaine manière pour la défense et la restauration des sols