Des femmes chassées de leur famille et de leur village pour sorcellerie
Par SAMPEBRE, Antoinette, NANA, Colette
La croyance en la sorcellerie est très présente dans la société Burkinabé. Pour certains burkinabé, il y a des êtres humains qui ont la capacité de manger l’âme d’autrui grâce à un pouvoir mystique. En agissant ces individus émettent de la lumière comme une lampe, c’est pourquoi, ils ont été appelés " SONABEL sans poteaux » du nom de la Société Nationale Burkinabé d’ElectricIté. Celles qui sont traitées de sorcières sont souvent des femmes veuves ou stériles ou vieilles.
En 1988, dans la ville de Koudougou, une véritable psychose s’installe. Tout est parti des décès de jeunes de 20 à 30 ans et leur famille trouvait cela mystérieux. Consultés des charlatans, mettent ces décès sur le compte de sorcières ( Sonabel Sans poteaux ) qu’il faut rapidement détecter pour les mettre hors d’état de nuire.
Ces féticheurs se sont organisés par villages et par département pour porter les " SEOOGO « , les fétiches, afin de détecter les sorcières. Ce sont des fétiches qu’ils portent sur eux qui leur indiquent les maisons où sont cachées les sorcières. Ainsi plusieurs femmes seront désignées comme sorcières, elles sont bannies de leur foyer, de leur famille et de leur village. Elles entament une errance à travers la brousse sans nourriture. Certaines mourront d’épuisement et de faim, d’autres se suicideront ou seront tuées par des hommes qui les traquaient. Dans la brousse on pouvait voir des bagages, des ossements de ces personnes qui n’ont pas eu droit à une sépulture décente.
Face à l’ampleur prise par ces évènements, certaines personnes s’érigèrent en défenseurs des persécutés et dénoncèrent cette cabale. Les autorités publiques, religieuses et coutumières s’impliquèrent dans le cadre d’une vaste campagne de sensibilisation en ciblant principalement les mosquées, les églises et les temples.
La justice intervient en faisant inculper et condamner les porteurs de fétiches, chargés de " détecter les sorcières « . Mais les emprisonnements seront souvent de courte durée, sous la pression certains seront libérés.
Il faut dire que ce phénomène est une forme odieuse de violence faite aux femmes. Celles qui sont pourchassées sont des femmes sans soutien et qui ne répondent pas aux normes d’une société traditionnelle ou avoir un enfant’ surtout de sexe masculin, est la première assignée à la femme mariée. Il n’y aucune loi qui condamne les charlatans donc qui protège les femmes. Il est indispensable que les femmes Burkinabé s’organisent pour faire pression sur les pouvoirs publics afin qu’une loi punissant cette pratique soit votée.
Malgré ce vide juridique, des centres d’accueil sont ouverts par des laïcs et des religieux pour venir en aide aux victimes. Récemment, un livre sur la sorcellerie a été publié par un prêtre ce qui est l’entame d’un débat public sur cette pratique qui continue à faire des malheureuses au Burkina Faso.
Fiche rédigée lors de l’atelier dph à Ouagadougou le 07 et 08 avril 2001