Par MBASSI MBASSI, Fabien (juillet 2002)
Le centre international de la promotion de la récupération (CIPRE) est une ONG de développement économique et de protection de l’environnement créée en 1996. L’essentiel de ses activités tourne autour de la collecte, du traitement et du recyclage des déchets plastiques. Cette activité s’accompagne d’un volet éducatif qui se fait sur deux approches : l’approche populaire et l’approche " scolaire « . Ces approches ont la prétention de se démarquer de l’Education institutionnelle qui se fait dans les écoles.
L’approche populaire concerne la cellule d’animation femme (CAF) qui sensibilise les femmes au sein des associations, ou individuellement sur les risques d’une mauvaise gestion du déchet plastique, les nouvelles techniques de gestion. Cette cellule a expérimenté avec réussite dans les quartiers d’Etoug- Ebe à Yaoundé le système de tri à la source qui consiste à mettre les déchets plastiques de côté dès les ménages, les laver, les sécher et les envoyer vendre au CIPRE. Après un an de sensibilisation, les ménages de ce quartier ne brûlaient plus de plastique pour allumer le feu de bois, et la quantité des déchets collectés par poste augmentait d’environ 40%.
L’autre approche consiste à intéresser les plus jeunes à la protection de l’environnement dans leur milieu de vie de tous les jours : l’école. C’est ainsi que des clubs d’écologie baptisée CIPRE ont été crée dans les collèges et lycées de l’arrondissement de Yaoundé sixième. Les jeunes scolaires organisent des causeries sur le système environnemental, entretiennent des petits jardins scolaires, fabriquent du compost, plantent des arbres au sein de l’établissement, montent des sketchs, écrivent des chansons, organisent des kermesses environnementales, des conférences débats sur le sujet. Le CIPRE leur a apporté un appui matériel financier et méthodologique nécessaire au cours de l’année 1998 : trois cent bacs à ordures ont été donnés au club de Mendong et Etoug- Ebe, des plants d’arbre, d’autres cadeaux divers pour l’animation des kermesses, des prix. Plusieurs excursions ont été organisées sur des cites illustrant une bonne ou mauvaise gestion de l’environnement : le mouvement Eba’a à Mvog-Beti, Akok-Doé à Etoug-Ebe, le centre d’épuration des eaux usées de la Cité verte en panne, l’école enseveli de Mokolo Elobi, un voyage écologique à Douala, la décharge de Maképé, les usines de la SOFECAM, la base Elf et l’antenne CIPRE de Douala ont été visités pour permettre aux jeunes de remonter la filière de recyclage des déchets du CIPRE
Cette expérience présente l’intérêt que l’éducation camerounaise a à s’ouvrir aux réalités locales et économiques de son entourage. Cette ouverture se fait à travers une option de l’Education qui se veut décentralisée et se démarque de ce qu’on enseigne dans les écoles. On parle moins de prof, d’élève, de tableau, de programme, etc. . L’expérience vise aussi à sortir l’enseignement (l’éducation) des circuits classiques où n’interviennent pas les écoles, les universités, les enseignants_.. pour intéresser les milieux populaires
Cette initiative du CIPRE intervient à une période où le pays vit une crise économique dont les effets mettent à mal tout le tissu social. Les pro- environnementaux sont aigus. Les villes du pays baignent dans une insalubrité pathologique. Les montagnes d’immondices salissent le panorama urbain. Les populations sevrées de tout appui déposent les ordures jusque dans l’enceinte des établissements scolaires et médicaux. L’éducation environnementale étant superficiellement traitée sur les antennes des radios… elle est intégrée dans les programmes scolaires mais pas rigoureusement enseignée. Le CIPRE apporte là un palliatif régional à ces manquements.