Des jeunes s’organisent pour collecter et traiter les déchets de plus en plus nombreux à Saint Louis, Sénégal, mais l’activité risque de cesser par... manque d’ordures
Par SOW, Moustapha
La Ville de Saint-Louis se situe au Nord du Sénégal. Avec une population de 162000 habitants pour un taux de croisement de 3, 35 %, elle est confrontée d’une manière chronique aux problèmes de pollution domestique. Cela est dû à l’inexistence de moyens logistiques et financiers au niveau de la voirie municipale, mais aussi et surtout à la non implication des populations à la prise en charge de ce problème.; Les services municipaux ramassent et évacuent 40 % des ordures, près de 120 m3. Néanmoins il y a beaucoup de quartiers qui ne sont pas desservis par ces derniers. Leur rayon d’action se limite entre la Ville et la langue de barbarie et dans les grands axes de Sor. Dans certains quartiers, leur passage ne se fait pas remarquer.; Cette pollution s’aggrave dramatiquement pendant la saison des pluies, quand la nappe phréatique remonte et vient se mélanger avec l’eau stagnante.; Les ordures en moyenne sont composées de 51 % de sable, 41 % de matière fermentée, sable (compost), 3 % de plastique, 3 % de ferrailles et 3 % de divers.; Le GIE Ecolo-Nord est créé le 02 Janvier 1996 à Saint-Louis par un groupe de jeunes désireux de lutter contre cette pollution grandissante. Après une formation sur les modules de compostage, des volontaires qui étaient dans le projet de ramassage des ordures avec l’Agetip (Agence de Génération d’Emplois par des Travaux d’Intérêt Public)et le financement du Ppge (Programme Prioritaire de Génération d’Emplois)se sont constitués en Gie pour participer à la gestion des déchets solides par le compostage et des déchets liquides.; Les objectifs étaient les suivants : ; - recycler ce qui peut être réutilisé,; - organiser des conférences sur l’environnement,; - recueillir, analyser et échanger l’’information; - promouvoir l’agriculture biologique.; Le groupe a réalisé depuis plusieurs activités : ; - Production du compost en collaboration avec des partenaires locaux,; - Recyclage du plastique (sachets); - Maraîchage pour la promotion des produits biologiques; - Montage d’expositions sur le recyclage (Festival international de Jazz); - Formations des jeunes sur le recyclage; - Causeries dans les quartiers; Malgré ces résultats encourageants les difficultés ont été nombreuses. Elles résident essentiellement dans l’inexistence d’un contrat entre les différentes parties investies dans le projet: le financeur (le Fonds Européen pour le Développement), l’organisateur et gestionnaire (l’Agetip, qui embauche entre autre les volontaires)et le maître d’oeuvre (le PPGE).; Le Projet qui était pour le bénéfice des populations était composé de 2 volets : sensibilisation et formation mais dans les faits il n’y avait pas de sensibilisation et la formation était dérisoire. Il n’existe pas une réelle communication entre l’Agetip et le groupe de base qui avait pour tâche de réaliser le travail sur le terrain.; Des problèmes de transport venaient s’y ajouter. Une voiture était mise à disposition pour amener les volontaires au Centre de compostage. Mais la plupart des fois les volontaires s’y rendaient par leur propre moyen. Il était impossible d’exiger quoi que ce soit à l’Agetip.; La responsabilité de ces difficultés se trouvent à deux niveaux : ; * Au niveau de l’Agetip, un service intermédiaire qui nous a confisqué la parole. Ce qui a provoqué le blocage de nos initiatives.; * Au niveau de la municipalité. Il était impossible de rencontrer le Maire car il est souvent en voyage.; * Au niveau du circuit lui-même.; Notre plus grand problème était d’... obtenir les ordures ! . Sans ordures pas de compost. Les services municipaux ramassent les ordures mais elles sont revendues aux habitants pour le remblaiement des maisons. Les habitants utilisent ce procédé peu onéreux pour éviter que la nappe phréatique remonte à la surface lors de la saison des pluies. La seule manière d’obtenir les ordures c’est en échangeant des bons d’essence pour faciliter leur transport. Le résultat de tout ça c’est que le projet risque de s’arrêter tout simplement parce qu’on manque d’ordure.
Dans le cadre du processus nouveau de décentralisation, nous suggérons que les différents acteurs que sont l’Etat, les collectivités décentralisées, la société civile et les partenaires au développement, et les populations doivent se considérer comme des partenaires à part entière et complémentaires. Ce partenariat pourrait être formalisé à travers des contrats qui définiront les objectifs et les moyens à mettre en oeuvre ensemble pour parvenir à une lutte efficace contre la pauvreté (l’insalubrité). Nous souhaitons ne plus être des destinataires passifs des décisions prises en dehors de nous. Nous voulons au contraire être pleinement impliqués afin d’aider la recherche à cerner les véritables problèmes qui se posent pour le développement durable.
Pour nous cela pose aussi une exigence de professionnalisme notamment grâce à la formation (conception, suivi et gestion de projets)car nous ne voulons plus être mis devant des faits accomplis.
Cette fiche a été réalisée au cours de la rencontre à Dakar qui a réuni en février 1998 des habitants, des élus, des techniciens des villes de onze pays d’Afrique (Ouest et Cameroun).