Par BAKARI, Louis (Yaoundé, avril 2002)
Il est facile pour certains (des intellectuels y compris) de jeter les ordures sur la route que dans un bac à ordures. La réalité est assez éloquente là-dessus. Mais tout n’est jamais joué.
Rentrant du centre ville Yaoundé, capitale Camerounaise, je rejoignais le quartier universitaire Ngoa Ekelle (qui signifie dans une langue du Sud Cameroun " la colline du savoir « ) que quelqu’un d’autre appellerait " le quartier latin « . Installé confortablement à l’arrière d’un taxi, mon voisin, un étudiant avait fini de consommer son pain. Il froissa le papier qui lui servait d’emballage pour sa ration du jour. Il baissa la vitre de la voiture pour rejeter. J’arrêtai net son geste et le pria de me remettre l’ordure en question. Je le gardai par devers moi. Arrivé à destination, je remontais une petite pente pour aller jeter l’ordure dans un bac. Je ne faisais aucun cas de mon voisin de circonstance que je crus être déjà parti. Que non ! Il m’attendait.
J’ai cru à un moment que mon geste l’aurait offensé. Au contraire, il était émerveillé et me posait de façon sérieuse. La question de savoir si ce que je venais de faire est une habitude ou une mise en scène. Je lui expliquais comment nous devons garder notre environnement propre et l’épargner de toute pollution. Pour lui, il pouvait jeter es ordures sur le goudron ou partout puisque les balayeurs sont là pour ça. Il comprit ensuite que nous n’aurions pas besoin de balayeurs si nous jetions nos ordures dans le bac.
Très sincère, notre ami (mon voisin de taxi) avoua que c’est la plus grande leçon jamais apprise de sa vie. Il prit mon adresse et mes coordonnés tout en exprimant toute sa gratitude pour une ignorance et une négligence mises ainsi à nu.
Quelques mois après, cette expérience mon attention fut attirée par une petite vendeuse de beignets dans la même ville de yaoundé. A contrario de l’étudiant, cette fillette, que j suivais des yeux, cherchait un bac à ordures pour se débarrasser d’un plastique d’emballage qu’elle tenait en main. Au premier bac à ordures, elle s’en débarrassa.