Alphabétisation dans l’équité en milieu rural

Valorisation de l’idée des communautés pour faire aboutir une session d’alphabétisation

C’est lors de la mise en œuvre du projet PACEEQ ( Participation Communautaire à l’Education de base pour l’Equité et la Qualité), plus précisément le volet alphabétisation, que cette historiette s’est passée à Kalankalan, un village de la sous préfecture de Sabadou Baranama:

Pour reduire le taux d’analphabétisme en milieu rural,PACEEQ s’est proposé entre 2003-2004 d’ouvrir des centres d’alphabétisation dans ses zones d’intervention .Pour se faire, en supposant que les femmes sont moins actives devant les hommes, le projet a opté l’ouverture des centres masculins et féminins séparément.

Le centre féminin était plein, il y avait 45 participantes parce que beaucoup de groupements de production étaient intéressés.Cependant, le centre des hommes ne contenait que 08 personnes.C’était les membres du Bureau APEAE qui constituaient des cibles fondamentales du projet.

Au moment de l’inscription d’une femme nouvellement mariée, son mari, Monsieur Camara était très retissant. Il a déclaré ceci: «si l’alphabétisation se faisait seulement pendant la journée, cela serait idéale; mais du fait que la nuit aussi est prévue dans le calendrier,alors je solliciterait assister à la formation». Ce qui a été accepté par l’alphabétiseur villageois. Mais Monsieur Camara était très gêné parce qu’il était dans un groupe de femme. Donc finalement, il attendait sa femme au dehors jusqu’après les cours.

Un jour, l’animateur de l’ONG était venu pour la visite d’appui à l’alphabétiseur. Quant on lui a raconté cet état de fait, il a contacté le Monsieur pour lui poser quelques questions. Dans ces réponses, il a sollicité à ce que les femmes et les hommes soient regroupés lors d’une telle formation.Quant on a convoqué une réunion des hommes chez le chef du village,les 90% ont appuyé l’idée de Monsieur Camara. C’est là qu’on a compris que c’était l’intention de tous les autres maris des apprenantes. Et plus loin, le porte-parole du village nous a rappelé de la signification du projet PACEEQ, tout en mettant exergue le mot " équité ».

Dès que cette approche initiée par le village a été adoptée, nous avons eu immédiatement deux salles de formation, 45 participants pour chaque salle. Ce qui dénote que l’on doit partir de la réalité socio-culturelle des cibles pour aboutir à un résultat satisfaisant.

Commentaires

L’attitude de Monsieur Camara vis à vis de l’activité d’alphabétisation a été une leçon pour les agents du projet PACEEQ. Pour les restes des activités, la formation des groupe homogènes de travail lors des séances de formation et de sensibilisation fut privilégiée. la participation communautaire a été renforcée et beaucoup de stéréotypes discriminatoires ont disparus au profit de la culture de l’esprit d’équité en genre.

Au moment où le projet était à sa fin, le Village de Kalankalan avait crée un espace de concertation entre le Conseil des sages et les Femmes leaders du village.

Notes

Notons qu’à l’issue de l’évaluation des centres de PACEEQ, c’est ce village qui a été le premier en terme de «changement d’attitudes et de comportement engendré par l’alphabétisation».

Pendant l’évaluation du projet, la femme de Monsieur Camara a déclaré: » Avant, je n’accordait pas assez d’importance au suivi des enfants à l’école. Car pour moi, en tant que analphabète, je ne pouvais jouer aucun rôle pertinent dans le processus. Mais aujourd’hui après avoir participé à la session d’alphabétisation et à l’évaluation finale en qualité d’apprenant, j’ai vécu a peu près la situation que vivent les élèves.Quand je chômais une fois en classe, c’était très difficile pour moi de me retrouver si c’était pas la bonne volonté de notre Alphabétiseur.

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