By BOCO Judith, Narcisse Raymond ADJAÎ., Hubert Topanou (Cotonou, September 2008)
Le lévirat est une pratique culturelle, en vigueur au Bénin, qui consiste à donner en mariage les veuves à l’un des frères de l’époux défunt (parfois même à ses fils aînés issus de premiers mariages).
Cette question a toujours préoccupé les organisations de défense et de protection des droits de la femme, et particulièrement les militantes féministes.
Dame Assiba est mariée à Henri. A la mort de celui-ci, le Conseil de famille statuant en matière de succession a décidé que Louis, le frère cadet d’Henri chargé par la famille de gérer les biens meubles et immeubles de son frère défunt prendra en mariage Assiba. Ce mariage permettrait, selon le conseil de famille d’assurer l’éducation et les soins des jeunes orphelins. Tout rejet de la décision du conseil de famille serait perçu comme un affront et aurait des conséquences fâcheuses sur la situation matérielle et même l’intégrité physique d’Assiba et de ses enfants.
Dame Assiba se retrouve face à un dilemme. Faut-il renoncer à son héritage en refusant de devenir la femme de son beau frère ou accepter de convoler en seconde noce avec le beau frère pour qui elle n’éprouve que du mépris, avec en prime la certitude de devenir la risée de toutes les émancipées pour qui de telles pratiques sont anachroniques.
Cette expérience marque le point de départ d’une longue discussion sociologique, culturelle et juridique qui voit se confronter sans les dissocier les différentes normes d’une civilisation qui cherche à se construire en se perdant bien souvent dans des considérations sans fin.
En effet, le lévirat peut-il vraiment être considéré comme une atteinte aux droits de l’Homme alors qu’il est une pratique sociale relativement acceptée par les femmes qui le vivent? Peut-on parler de violation des droits de la personne humaine lorsqu’il n’y a ni plainte ni soulèvement ni aucune manifestation collective contre une pratique ancestrale fortement ancrée dans les moeurs sociales? Toutes ces questions mériteraient d’être analysées.