By DIAKITE, Kalifa (2003)
La reforme de décentralisation au Mali a abouti à la création de 703 communes urbaines et rurales, 49 cercles 8 régions et le District de Bamako. La nouvelle réorganisation territoriale avait donné 682 nouvelles communes reparties entre 664 rurales et 18 urbaines. A ces nouvelles communes se sont ajoutées deux nouvelles communes rurales en juin 2001.
Selon la taille de la population 136 communes des 682 nouvelles communes, ont de 2000 à 5000 habitants soit 20% de l’effectif des nouvelles communes(loi 96-059 portant création des communes). Les doutes sur la viabilité de certaines communes (moins de 5000habitants) même s’ils sont compréhensibles, ne peuvent à priori servir de motif de rejet ou de condamnations ; étant entendu que la viabilité d’une commune repose essentiellement sur la viabilité sociale elle même dépendante de l’adhésion et de la volonté de regroupement des villages ou fractions.
Des regroupements des communes sont en train de s’opérer de façon différente, sur la base des associations ou des conventions locales pour la gestion d’une ou de plusieurs ressources naturelles ou la mise en place d’un équipement collectif, ( infrastructure routière écoles, centre de santé, réseau d’assainissement)
Dans la mobilisation des ressources internes les communes rencontrent d’énormes difficultés, notamment dans le recouvrement des taxes et impôts. La loi déterminant les ressources fiscales des communes dispose qu’en plus des impôts et taxes prévus par le code général des impôts les communes peuvent instituer à leur profit des taxes fiscales dans les limites des maxima fixés.
Ainsi les Communes du Mandé ont fixé différents taux sur une même matière imposable. Les contribuables sont allés payés les vignettes dans les communes à taux moins élevé. Cette situation ajoutée à d’autres préoccupations notamment vol de bétail, piste de transhumance, conflits fonciers entre villages de communes voisines a créé un besoin de concertation entre les communes limitrophes. C’est ainsi que ce besoin d’harmonisation de la fiscalité a conduit à une retrouvaille des populations du Mandé divisées depuis les guerres de résistance menées par les troupes de Samory Touré contre la colonisation française au 19e siècle.
L ’Amicale des Municipalités du Mandé regroupe 16 communes qui ont décidé de travailer sur des préoccupations communes que sont:
1. la reconversion des mentalités (sensibilisation );
2. l’autosuffisance alimentaire ;
3. l’éducation et la santé ;
4. l’infrastructure ;
5. le développement des sites touristiques ;
6. le règlement des litiges fonciers ;
7. le problème d’industrialisation
8. le développement de l’artisanat rural ;
9. la mise en place de l’association du Mandé
10. procéder à une vaste campagne d’information et de sensibilisation ;
11. revoir la coopération avec l’OHVN ;
12. l’harmonisation de la politique fiscale ;
13. la protection de l’environnement (écosystème) ;
14. combattre l’insécurité ;
15. dynamiser les structures sociales existantes.
Après plusieurs rencontres l’amicale a choisi des axes prioritaires d’interventions: élevage, environnement, agriculture, communication, médiation, éducation, santé, art et culture, tourisme, structuration communautaire, élaboration d’un schéma d’aménagement du Mandé. La pêche et la coopération transfrontalière avec les collectivités voisines de la République de Guinée ont aussi été retenues..
La planification décentralisée s’est poursuivie avec l’identification des activités et actions d’intérêt intercommunal à mener par axe de travail. La prochaine rencontre se penchera sur le coût du programme et l’échéancier d’exécution. Ce processus de planification bénéficie du concours de l’administration, de l’ACODEP, des Centres de Conseil Communaux de Kati et Kangaba, de la GTZ, de l’AFVP, CEK Kala Saba, du PACT( Programme d’Appui aux Collectivités Territoriales)
Les acteurs de cette planification sont les élus communaux, les autorités villageoises, les jeunes, les femmes, les chasseurs, les thérapeutes traditionnels, les organisations paysannes de productions, les médiateurs traditionnels (forgerons, ’djéli’ ’garangué’,et ’fina’).
La citoyenneté communale se construit progressivement avec cette approche participative de développement intercommunal. Dans certaines communes les chasseurs ont été responsabilisés dans la protection de l’environnement, et ont pu circonscrire le vol de bétail.
La décentralisation apparaît ici comme élément fédérateur du vestige de cet ancien empire du Mandé, où la promotion du système d’écriture NKO a été recommandé pour le support culturel.
Cette contrée, jadis réputée être divisée par les guerres tribales d’antan, connaît aujourd’hui à la faveur de la décentralisation un nouvel élan de solidarité, de fraternité et de coopération pour son développement.