Des villageois et un partenaire stratégique en synergie au chevet d’un « projet national »

Un bassin de rétention, solution ou source de problèmes dans Djiguimar !

Djiguimar est un village de la communauté rurale de Médina Sabakh située dans une zone particulièrement frappée par l’érosion hydrique. C’est sans doute, entre autres raisons, pour pallier cette situation que la direction du génie civil a pris la décision de construire un bassin de rétention. Paradoxe : l’ouvrage a vu le jour sans l’avis, ni la participation des prétendus bénéficiaires, les populations de la localité et du voisinage. Et ce, à aucune étape du processus de sa mise en œuvre.

Cette intervention solitaire de la structure étatique a connu, à l’arrivée, un résultat désastreux, sans aucun impact positif sur les paysans. L’ouvrage, quoique réaménagé, s’est retrouvé détruit à deux reprises. A présent, il n’arrive même pas à remplir sa fonction essentielle, à savoir arrêter totalement les eaux diluviennes. Ainsi, pour ces populations, cet ouvrage n’est d’aucune utilité, d’autant plus que les travaux demeurent inachevés. Pis, il a ruiné leur immense espoir de prétendre à une sécurité alimentaire, les activités agricoles étant jusque - là réduites à la tri culture : arachide, mil, maïs. Et un villageois dépité de s’exclamer : « Si au moins, on nous autorisait à ouvrir momentanément les vannes (de l’ouvrage) pour prélever un peu d’eau !».

C’est dans un tel contexte que les villageois s’en sont ouverts au partenaire stratégique « Symbiose », à travers le Programme de Développement Intercommunautaire (PDIC). Forte de maintes expériences de travail avec les villageois, ladite organisation a pris le pari de s’engager dans une Action Alternative, suite à un diagnostic participatif : ressusciter à Djiguimar la riziculture, une de ses vocations d’antan.

Ainsi, dans le cadre de la diversification des activités agricoles, gage du recul de la pauvreté, le PDIC a initié ici des champs tests de riz sur 6 Ha avec la collaboration de l’Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA) et l’Agence pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO). Les résultats se sont révélés concluants : 9 606 Kg sur 6 Ha, soit un rendement de 1,5 Tonne à l’Ha ; une bonne partie de la production étant, du reste, réservée à la reconstitution du capital semencier. Ce relatif succès a d’ailleurs galvanisé les riziculteurs qui souhaitent l’extension des zones rizicoles dans la vallée, laquelle se trouve convoitée aussi bien par les maraîchers locaux que par les éleveurs qui en ont fait leur parcours de bétail.

Les intérêts divergents de ces divers acteurs ont suscité des tensions. A tel point que l’autorité administrative (le Sous Préfet) a pris un acte portant suspension de toute activité économique dans la vallée, au grand dam de tous les protagonistes.

Mais la dynamique organisationnelle mise en place par Symbiose, pour une sortie de crise, a été cruciale. La question a été examinée dans un cadre global, à l’échelle de toute la communauté rurale, y incluant la situation de Djiguimar.

Ainsi donc, le Penc de Médina Sabakh (cadre de concertation communautaire), lié au Conseil Rural par un protocole d’accord approuvé par l’autorité administrative (Sous Préfet), a initié des négociations auxquelles ont participé les éleveurs, les agriculteurs, les services techniques de l’élevage et le Conseil Rural. Des décisions fortes consensuelles sont prises :

• Le Conseil Rural a apporté au Penc un appui budgétaire de 1 000 000 F CFA pour la délimitation de 18 Km de parcours de bétail (bornes) ;

• Le Penc, par la mobilisation des « Keppaar » longeant les 18 Km de parcours de bétail, s’est engagé à veiller à ce que les bornes ne soient pas déplacées ;

• Les éleveurs ont accepté de se cotiser financièrement pour l’achèvement des travaux à la seule condition que la vallée soit exclusivement réservée au parcours de bétail dès la fin des activités agricoles.

• Les agriculteurs se sont engagés à évacuer la vallée, une fois la récolte terminée ;

• Le Sous Préfet a annulé l’arrêté de suspension des activités dans la vallée.

Comments

Ici, comme ailleurs, voici un exemple d’une intervention de l’état qui présente en campagne un aspect désolant de « cimetière de projet » caractérisé par des déperditions. Tout cela par manque d’une stratégie contractuelle avec les villageois et notamment à cause d’une approche défectueuse, d’une initiative paternaliste peu ou prou autoritaire. Sans oublier l’esprit embusqué derrière de telles interventions. Au demeurant, peut-on faire le bonheur de ces populations malgré elles ? Force est de constater que les projets et les sociétés d’état restent indifférents et peu enclins à innover dans leur méthodologie d’approche.

Par contre, avec « Symbiose », il y a eu un réel effort, son action mettant la citoyenneté rurale et l’intérêt bien compris du village au centre de ses préoccupations. Ce n’est pas le fruit du hasard si le Penc, le Conseil Rural, les services techniques de l’élevage, les pasteurs et les agriculteurs, en parfaite symbiose, soient parvenus à trouver des solutions adéquates à tous ces problèmes. Le but final qui les anime : la prise en charge du développement par les populations rurales dans une perspective d’autopromotion communautaire.

D’ailleurs, les membres de l’équipe d’appui de « Symbiose » ont décidé de se rapprocher de la direction du génie civil à Dakar quant au devenir du bassin de rétention de Djiguimar.

Notes

Keppaar : cadre de concertation au niveau village

Le Penc est un cadre de concertation créé par les acteurs ruraux au niveau communautaire ; c’est une instance de participation des populations à la prise de décision ; c’est l’interface entre le conseil rural et les partenaires désireux d’apporter leur concours à la promotion du développement local dans la communauté rurale.

Execution error sites/www.afrique-gouvernance.net/squelettes/inc/bdf_nav_axesencours.html

Keywords

Themes

Geographic