By BERTHE, Nanga
Les zones frontalières du Mali avec la République de Côte d’Ivoire ont connu une recrudescence du banditisme suite aux mesures rigoureuses prises par les autorités ivoiriennes à leur encontre.
Dans les milieux urbains de Sikasso, Bougouni et Koutiala, des cas de vols avec effraction et à mains armées étaient fréquents.
Quant aux milieux ruraux, le braquage des motocyclistes, le vol de bétail et le viol de femmes hors des villages constituaient les actions privilégiées des bandits.
Les quelques rares individus appréhendés par les Services de Police ou de Gendarmerie étaient vite relaxés au bénéfice du doute tant il était difficile de les prendre en flagrant délit avec les faibles moyens dont disposaient les Forces de Sécurité.
C’est ainsi que, exacerbés par les pillages et les humiliations, les chasseurs traditionnels ont réorganisé, mieux orienté leur association vers la lutte contre le banditisme.
L’expérience testée dans un village consistait à repartir l’aire géographique du village entre les chasseurs en vue de la surveillance. Ainsi, dès qu’un cas de banditisme était signalé, l’alerte était donnée et chaque chasseur fouillait son domaine d’intervention. Cette disposition a permis d’éradiquer le banditisme dans ce village car tous les animaux volés étaient retrouvés et les auteurs mis à la disposition de la Gendarmerie. Mais suite toujours aux preuves insuffisantes au regard du droit positif (constat par agent assermenté), les délinquants n’étaient pas sanctionnés à hauteur de souhait des populations. La réflexion aidant, les chasseurs ont fini par décider de reprendre les biens volés et de chasser hors de leur territoire et pour des zones inconnues les auteurs.
L’action fit boule de neige. Ainsi, les associations villageoises de plus de100 villages se sont fédérées pour former une grande organisation qui couvrait tout le Cercle de Kadiolo qui a été totalement sécurisé. L’action s’est étendue sur le règlement de litiges entre agriculteurs et éleveurs où les amendes et les dommages ont été codifiés et connus de tous.
Comme il fallait s’y attendre, après cinq années de fonctionnement, l’Association avait fini par réduire énormément les activités et les pouvoirs des Gendarmes, des Juges, des Commandants de Cercle et Chefs d’Arrondissement. Les recettes d’amendes arbitrées formelles et informelles sont tombées à un niveau trop bas au regard des autorités supérieures.
L’administration, les agents de justice, pour relever leur crédit et autorité, reprochèrent à l’Association des chasseurs d’agir dans l’illégalité et obtinrent son implication dans l’appréhension des voleurs et du règlement de conflits entre éleveurs et agriculteurs, conflits les plus fréquents dans le Cercle de Kadiolo en dehors de ceux de mariage. De nos jours encore, les bandits ont une peur bleue du Cercle de Kadiolo où il est rare d’enregistrer actuellement des cas de vol.
Cependant, l’expérience, si elle était assistée par les Services publics, pouvait déboucher sur une organisation bien structurée pouvant jouer de multiples fonctions pour les Communes Rurales récemment installées.
ADERSI